Un aspect majeur de l'autisme réside dans l'altération des capacités de communication. Or, une des fonctions essentielles de la motricité est, précisément, de permettre le dialogue entre l'organisme et son environnement, notamment au travers des entrées sensorielles, et ce dès le plus jeune âge. C'est dans le cadre de l'hypothèse d'une atteinte générale de la construction des représentations de l'action dans l'autisme que nous rapportons un ensemble de résultats visant à étudier chez l'enfant le développement de la fonction d'anticipation qui permet de rendre le monde prédictible et cohérent. Pour anticiper, le cerveau s'appuie sur des représentations des caractéristiques du corps, du monde extérieur et de leurs interactions réciproques. Les représentations de l'action ne sont pas innées et nécessitent un temps de maturation assez long au cours de l'enfance. A partir de tâches de soulèvement alliant paramètres moteurs et corrélats corticaux, on constate chez l'enfant avec autisme un déficit de la fonction d'anticipation, d'origine centrale, qui indiquerait une atteinte de la construction des représentations de l'action. Enfin se pose actuellement la question dans l'autisme de la représentation du mouvement humain, en particulier dans un contexte d'interactions sociales, et de l'identification des structures centrales impliquées. Sachant que le couplage entre la perception et l'action dépend fortement de la construction de multiples représentations (incluant le schéma corporel, la représentation de la faisabilité du mouvement et la représentation de l'action dans sa globalité), nous faisons l'hypothèse qu'une atteinte de la construction des représentations perturbe ce couplage et en conséquent freine le développement sensori-moteur et cognitif dans l'autisme.